En cette semaine du goût, j'ai décidé d'aborder un sujet grave : l'alimentation de nos chères têtes blondes. Ou plus précisément la difficulté qu'il y a à nourrir un enfant de moins de 6 ans. Je dis moins de 6 ans parce que je n'ai pas le modèle au-dessus et qu'une petite part de moi espère que tous nos problèmes vont disparaître mystérieusement dans la nuit du 1er au 2 avril 2020... (S'il-vous-plaît laissez-moi rêver !) Alors si vous aussi vos repas sont rythmés par des "Aaaah non j'aime pas les pommes de terre !", "J'aime pas les haricots !" (quand je vous dis qu'il y a des choses qui changent mystérieusement pendant la nuit...), "C'est pas bon !", "Je veux pas manger !", je vous propose d'oublier tout ça et d'en rire un bon coup, au moins le temps de lire Adieu odieux dîner de Delphine Bournay. Attention, lecteurs trop sérieux s'abstenir !
Pour le dîner, Papa a préparé une excellente purée de brocolis. Mais le menu de ce soir n'est pas vraiment du goût de Flora. "Tu ne peux pas savoir si tu n'aimes pas avant d'avoir goûté !" Flora est catégorique : pas besoin de goûter ce truc vert pour savoir que c'est dégoûtant... "Dégoûtant toi-même !" Ho ho un dîner qui parle ! Et qui est bien remonté en plus ! Flora ne va quand même pas se laisser faire par une purée...
Avec son humour habituel, Delphine Bournay s'attaque ici à un problème bien connu des parents (et si ce n'est pas votre cas, je vous en supplie, donnez-moi votre recette !) : l'enfant qui refuse de goûter le contenu de son assiette... Un problème récurrent qui devient vite agaçant par son caractère répétitif et peut pousser à bout même les parents les plus patients (alors pour la majorité d'entre nous, je ne vous raconte pas...). Mais que diable ont bien pu leur faire ces pauvres légumes verts pour mériter un tel traitement ? Il y en a marre enfin ! Puisque c'est comme ça, les dîners vont faire la révolution ! Méfiez-vous de la purée qui dort... Mais attention les légumes, les enfants n'ont pas l'intention de se laisser faire. Il faut dire que les menacer d'une fessée, c'était quand même exagéré... Tel est pris qui croyait prendre !
Tant dans le texte que dans les illustrations, Delphine Bournay fait ici le choix de la sobriété. La scène est la même à chaque page : Flora assise à la table face à son assiette. Pas de décor superflu, ni de changement de plan. Quant au texte, il consiste principalement en une série de bulles comme dans une BD. La petite astuce étant que la couleur du contour de la bulle change selon le personnage qui s'exprime. La narration, elle, est réduite au strict minium. Un minimalisme qui met bien en valeur l'histoire.
A la première lecture, mes petits mecs étaient perplexes. "Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ?" avaient-ils l'air de se dire. A la 2ème lecture, ils ont commencé à rire : "un dîner qui parle, n'importe quoi !" A la 3ème lecture, ils étaient morts de rire. Puis il a fallu enchaîner avec la 4ème, la 5ème, la 6ème... Je m'arrête là, vous avez saisi l'idée. Et il n'est pas rare maintenant d'entendre Ouistiti dire à son grand frère au début du repas "Il faut que tu goûtes pour savoir que tu n'aimes pas"... Et si je dois bien avouer que j'ai moi aussi été un peu perplexe en entendant une purée dire "En plus Madame est capricieuse ! Moi une gamine comme ça, une fessée et au lit !", je me suis vite aperçue que loin d'être prises au sérieux par mes petits mecs, ces menaces ajoutant encore à l'absurdité de la situation les faisaient plutôt rire. "Une fessée ? Non mais n'importe quoi !", m'ont-ils dit très exactement.
Bref, après lecture de cet album, vos enfants ne seront pas plus convaincus par la purée aux brocolis que vous leur servirez pour leur dîner. Mais au moins, vous aurez bien rigolé ! Et qui sait ? Peut-être que le sort que Flora réserve à son repas leur donnera des idées...
Adieu odieux dîner
Delphine Bournay
L'école des loisirs
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